Rezension über:

Seth Bernard / Lisa Marie Mignone / Dan-El Padilla Peralta (eds.): Making the Middle Republic. New Approaches to Rome and Italy, c.400-200 BCE, Cambridge: Cambridge University Press 2023, XVII + 334 S., ISBN 978-1-009-32798-5, GBP 100,00
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Rezension von:
Clément Bur
Institut National Universitaire Champollion, Albi
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Clément Bur: Rezension von: Seth Bernard / Lisa Marie Mignone / Dan-El Padilla Peralta (eds.): Making the Middle Republic. New Approaches to Rome and Italy, c.400-200 BCE, Cambridge: Cambridge University Press 2023, in: sehepunkte 24 (2024), Nr. 3 [15.03.2024], URL: https://www.sehepunkte.de
/2024/03/38200.html


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Seth Bernard / Lisa Marie Mignone / Dan-El Padilla Peralta (eds.): Making the Middle Republic

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L'ouvrage, tiré d'un un colloque tenu à Princeton en mai 2019, offre une bouffée d'air frais à l'historien de la République en proie au doute sur sa capacité de produire du neuf sur la "Roma medio repubblicana" selon le titre de l'exposition italienne fondatrice de 1973.

Une série de contributions reprend des questions bien connues mais avec une méthode ou une perspective originale. En examinant les peintures des tombes campaniennes, Seth Bernard recherche non pas à identifier les événements dépeints mais "what the past meant in a non-Roman context" (236) afin de déterminer les différentes façons de faire de l'histoire avant la conquête et la domination de l'histoire écrite. Reliant l'émergence de l'histoire à celle de la cité il conclut que "becoming historical was one way for Campanian elites to promote their participation in the state" (248). Les études statistiques sont aussi à l'honneur. Parrish Wright et Nicola Terrenato s'appuient ainsi sur la Digital Prosopography of the Roman Republic (DPRR) pour montrer que l'aristocratie médio-républicaine demeurait "fluid and open" (28). Ils déduisent cependant de ce résultat déjà connu que parmi les plébéiens qui s'opposaient aux patriciens se trouvaient des familles fraîchement arrivées à Rome. Celles-ci "were lobbying for more power in what was becoming the capital of a new territorial state" (38) et auraient fait en sorte de maintenir la porte ouverte pour leurs compatriotes. Un tel élan de solidarité, dans un contexte de forte compétition politique, nous laisse toutefois sceptique. Nathan Rosenstein s'efforce, lui, d'établir le nombre de citoyens imposables puis d'évaluer le poids du tributum. Celui était trop lourd selon lui pour que les chefs politiques romains décident des campagnes prolongées trop fréquemment. L'octroi de la citoyenneté sans suffrage aux Campaniens aurait donc permis de faire reposer sur eux la charge fiscale et de lever davantage de soldats parmi les citoyens romains optimo iure. Liv Mariah Yarrow s'intéresse enfin au poids des premières émissions d'aes graue (RRC 14, 18 et 19). Elle déduit des écarts observés que les Romains ne se donnaient pas la peine de respecter scrupuleusement un poids standard et donc que ces monnaies ne fonctionnaient pas comme des lingots. Elle rejoint ainsi James Tan dans l'idée d'une économie plus fluide et encore marquée par les facteurs culturels.

En effet, ce dernier offre une analyse en profondeur du système tributum-stipendium en partant des milliers d'"interpersonal transactions" qu'il impliquait. Il place ainsi au cœur de ce système les tribuni aerarii chargés d'avancer les sommes et répond de ce fait à l'objection principale d'une datation haute du stipendium, en 406, celle de l'absence de monnayage, en montrant, à partir d'une comparaison avec l'Angleterre du XIVe siècle, que les tribuni étaient insérés dans les réseaux économiques locaux, ce qui facilitait leur rôle. Ces tribuni étaient probablement plus de 500 pour faire fonctionner le système si bien qu'il devait y avoir de nombreux plébéiens qui virent leur poids politique s'accroître. Walter Scheidel a également recours au comparatisme pour brosser le tableau de l'esclavage dans la Rome médio-républicaine et présente longuement la situation jugée proche de l'Afrique subsaharienne d'époque moderne. Cela débouche sur quelques pistes, par exemple l'importance de la redistribution des captifs après les guerres plutôt que du marché. Il reconnaît toutefois dans son plaidoyer final pour le comparatisme qu'il s'agit surtout de fournir "food for thought" (98) et d'arrêter de ressasser les mêmes sources littéraires. Penelope Davies propose, elle, une approche originale et stimulante en inversant le questionnement sur le paysage urbain de l'Vrbs généralement considéré uniquement comme le résultat du changement des mentalités. Elle retrace l'évolution de ce paysage, à l'aide de plans, photos et reconstitutions très parlantes, pour saisir ce qu'elle appelle l'agency des bâtiments, c'est-à-dire la manière dont ceux-ci participèrent aux changements culturels. Ainsi la comparaison entre l'ancien et le nouveau qui cohabitaient faisait prendre conscience que le changement était possible en politique comme en architecture et qu'il était même en cours.

Une dernière série de contributions s'appuie sur les résultats des fouilles et prospections récentes, sans renoncer à des questionnements originaux. Si Tymon De Haas utilise les données archéologiques de projets en cours pour présenter une synthèse des transformations rurales de l'Italie centrale (développement de sites ruraux plus importants, aristocratiques sans doute, se spécialisant dans des cultures commerciales), il analyse les centuriations sous l'angle du coût du travail. Il montre ainsi que ces chantiers nécessitaient des investissements importants qui dopaient la croissance économique des régions. Il est en revanche plus prudent pour lier l'expansion agricole qui commence à la fin du IVe siècle et les réformes de 367. Angela Trentacoste et Lisa Lodwick complètent le tableau à partir des données archéobotaniques et archéozoologiques avec l'ambition de contribuer à une "agroecology of the Roman expansion" (167). Ce panorama des stratégies agricoles de l'Italie médio-républicaine est particulièrement intéressant même s'il débouche sur plus de questions que de réponses. On apprend néanmoins que les plantes cultivées (céréales et légumineuses) ne connurent pas de réel changement depuis la fin de l'âge du Bronze, signe que la production agricole "was motivated by regional and economic trajectories rather than by cultural 'Romanization'" (188). Avec Domenico Palombi, nous passons aux cités latines "no longer archaic, not yet hellenistic" pour reprendre le titre du chapitre. Ces villes participèrent ainsi aux expérimentations de planification urbaine et adoptèrent de nouvelles modes architecturales, décidant de devenir d'elles-mêmes des poleis hellenides et non sous l'influence de Rome.

Enfin la conclusion de Christopher Smith renvoie moins aux différentes contributions du volume qu'aux travaux récents de l'école anglo-saxonne qui, comme il le remarque (253 n. 1) se passionne depuis peu pour cette période, pour offrir une riche réflexion sur la période médio-républicaine.

Une bibliographie finale de 60 pages avec des références dans toutes les langues (ce qui n'est sans doute pas étranger à la qualité des articles) vient compléter ce tour d'horizon qui s'appuie sur de nombreux plans, cartes et illustrations de qualité.

En s'écartant des questionnements habituels et des seules sources littéraires, cet ouvrage reprenant les travaux et fouilles en cours depuis une vingtaine d'années montre qu'il reste encore bien des choses à dire sur la période médio-républicaine, longtemps négligée, à condition de laisser davantage de place aux données archéologiques mais aussi et surtout à de nouvelles problématiques.

Clément Bur