Rezension über:

Joachim Werz (Hg.): Die Lebenswelt der Zisterzienser. Neue Studien zur Geschichte eines europäischen Ordens, Regensburg: Schnell & Steiner 2020, 876 S., 145 Farb-, 15 s/w-Abb., ISBN 978-3-7954-3471-7, EUR 70,00
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Rezension von:
Benoît Chauvin
CNRS, Paris
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Benoît Chauvin: Rezension von: Joachim Werz (Hg.): Die Lebenswelt der Zisterzienser. Neue Studien zur Geschichte eines europäischen Ordens, Regensburg: Schnell & Steiner 2020, in: sehepunkte 21 (2021), Nr. 5 [15.05.2021], URL: https://www.sehepunkte.de
/2021/05/34267.html


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Joachim Werz (Hg.): Die Lebenswelt der Zisterzienser

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Ce fort volume est divisé en six sections principales offrant trente contributions, toutes sauf une en langue allemande, dotées chacune en fin de texte d'un résumé permettant commodément au lecteur d'approfondir le sujet traité. La répartition chronologique des sujets fait preuve d'équilibre entre Moyen-Age, Temps Modernes et Contemporains. Mais, sauf spiritualité, cantonne ses limites spatiales au monde sud-germanophone avec pour pôle l'abbaye d'Heiligenkreuz en Basse-Autriche.

Sous le titre Savoir et bibliothèque, la section 1 compte trois articles. M. Clement traite (20-40) de la responsabilité personnelle de chacun vis-à-vis de soi-même et du monde vue par Bernard de Clairvaux et la théologie morale. La perception de ce même Bernard d'après les publications dans l'espace germanophone jusqu'en 1520, ou l'abbé de Clairvaux vu comme théologien de la piété est abordé par V. Leppin (41-62). D'un bond, U. Steger emporte (63-92) le lecteur à découvrir le rôle de la bibliothèque de Salem au XVIIIe s. à travers le choix des livres qui s'y trouvent.

Economie et politique regroupent les cinq contributions de la section 2. S. Sosnitza montre (94-113) les liens des abbés de Michaelstein (1146-1237) avec les forces politiques au nord du Harz. En se fondant sur les réalités et l'évolution du système des granges, Ch. Stadelmaier retrace (114-131) les fondements de l'économie cistercienne depuis ses débuts jusqu'au XIVe s. Quand M.M. Rückert fait le point (132-150) sur le type économie mis en œuvre par l'abbaye de Schöntal au Moyen-Age. Du petit monastère féminin méconnu de Kelbra, M. Lücke retrace (151-167) les données foncières et fiscales entre comtes de Stolberg au XVIe s. et péripéties du début du XIXe. Et S. Gmasz présente (168-182) A. Winkler, hôtelier et administrateur d'Heiligenkreuz, en tant qu'homo politicus à l'époque du Burgenland-Anschluß autrichien (1919-1921).

La section 3, Piété et pratique religieuse, comporte huit articles. J. Oberste s'attache (184-205) à la visite régulière, dont on sait l'importance dans l'ordre cistercien, et son évolution des origines jusqu'après Latran IV. K.E. Salzer tente en anglais (206-229) un périlleux panorama sur les places faites aux laïcs au sein de l'ordre de Cîteaux: dons, prières, inhumations... Sur les traces de formes originales de piété s'aventure ensuite B. Stühlmeyer (230-242). En prenant pour exemple Hélinand de Froidmond, E. Lersch (243-263) centre son propos sur les relations entre spiritualité cistercienne et troubadours. W. Buchmüller s'interroge (264-278) sur les débuts du chapelet dont un Jean de Saint-Thomas an der Kyll a peut-être été un précurseur. Le changement de nom lors de la profession monastique est attesté dès le début du XVIIe s. T. Sztubitz (279-300) aborde les pratiques et les significations de ceux adoptés dès cette époque. Les représentations théâtrales du Vendredi Saint à Heiligenkreuz au XVIIIe s. seront une découverte pour les lecteurs de M. J. Pernerstorfer (301-321). Présenté par B. Hannöver (322-339), le mémoire (archives Münster, Gravenhorst, Nr 254) inédit composite de M. C. von Juden (1752-1832), dernière cistercienne de cette abbaye, témoigne d'une fidélité à son ordre en dépit des difficultés de son temps.

Liturgie et prédication sont les thèmes de la section 4 forte de huit contributions. J. Sonntag aborde (342-356) les options cisterciennes en continuité ou en rupture avec certaines données bénédictines élémentaires du haut Moyen-Age: habit, profession, travail manuel, manifestations d'amour fraternel, obéissance et humilité. Ce sont plusieurs parchemins musicaux du XVIe s. provenant de Maulbronn que, photos à l'appui, présente (357-369) S. Morent. J. P. Chavanne étudie (370-385) le chapitre des coulpes sous son aspect pénitentiel public: fondements bibliques, place dans les ordres anciens, au début du XXe s. puis dans les Us de 1957, après Vatican II et aujourd'hui. Le ms. 476 d'Heiligenkreuz est le sujet traité (386-413) par J. Werz en ce qu'il enseigne sur la prédication en langue populaire à l'époque moderne notamment dans le relais de l'abbaye à Vienne. G. Schrott fait le point (414-446) sur les prédications funéraires et les Castra doloris des abbés (1693-1728/55) d'Heiligenkreuz. Theophil Heimb, moine du lieu, a fait publier nombre de brochures (1747-1767) de ses prêches étudiés dans leurs fondements et leur diversité par G. Trausmuth (447-478). P. Maurer offre (479-510) un bouquet des manifestations de la vie liturgique à l'abbaye de Lilienfeld au XIXe s. Sous la plume de G. A. Herzog, suivent (511-532) enfin des pages sur les fondements de la réforme du rite cistercien à la suite de Vatican II: adoption de ce qui relèverait de sa pureté, mais sans amalgame.

La section 5 traitant d'art et d'architecture comporte six articles. Ch. Vossler-Wolf propose (534-569) un tour d'horizon sur l'archéologie: fondations, évolution du bâti, infrastructures, quotidien, productions alimentaires et artisanales, environnement sont analysés à travers les fouilles récentes d'une douzaine de sites cisterciens majeurs. E. Wipfler fait découvrir (570-588) quelques splendides chefs-d'œuvre d'orfèvrerie - pyxide, ciboire, calice, patène, ostensoir, reliquaire - des XIVe-XVe s. offerts aux abbayes, mais de factures sans surprise fort éloignées de la pauvreté cistercienne originelle. B. Kreß aborde (589-635) le sujet novateur de la représentation en Haute-Bavière et Souabe des saints - en particulier Bernard - ou de personnages célèbres liés à l'ordre aux XVIIe-XVIIIe s. et, partant, de l'idée instructive qu'en avaient alors les artistes de ce temps-là. Les pages (636-652) de R. Andrascher-Holzer analysent une quinzaine de vues (dessins, peintures, gravures, photos) des XVIIe-XXe s. montrant le monastère de Lilienfeld en Basse-Autriche. Révélateurs sont les développements illustrés (653-688) de K. Häret-Krug sur les cages d'escaliers d'Ebrach, Schöntal et Marienstatt vues comme manifestations des rangs sociaux, de leur puissance à l'époque baroque et de leur fonction cérémonielle. E. Krebs décrit (689-724) la salle dite de l'ordre dans les bâtiments fin XVIIIe de Schöntal. Ses parois sont habillées de quelque 300 médaillons peints, souvent tirés du Compendium Ordinum Religiosorum de F. Buonanni, censés témoigner de la puissance catholique alors menacée.

En guise de conclusion et en prenant pour exemple le mémoire antiluthérien édité en 1534 de l'abbé Paul Bachman d'Altzella, J. Werz, maître d'œuvre de ce volume, s'interroge et interpelle le lecteur en perspective 6 (725-744) pour savoir si l'univers cistercien peut être retenu comme vecteur de la recherche fondamentale.

Suit une solide bibliographie de l'abbaye d'Heiligenkreuz dans la section 7 (745-814) forte de 836 numéros, manuscrits inédits et cotés du chartrier abbatial compris, puis des travaux édités (nos 23-836) toutes matières confondues, classés par ordre alphabétique des auteurs où s'inscrivent plusieurs grands noms de l'historiographie cistercienne autrichienne. Ce volume étant dédié au P. Alkuin [Volker Schachenmayr, O. Cist], la section 8 (815-830) livre son curriculum vitae et sa bibliographie. Pour finir et comme l'exige la pratique, l'ouvrage se clôt par la section 9 (831-876) par une série d'indices des personnes, des lieux et des matières, des illustrations et des auteurs.

Est-il vraiment besoin d'évoquer forces et faiblesses d'un tel volume ordinairement qualifié de Mélanges auxquelles celui-ci ne saurait déroger? En sus des revues, leur intérêt irremplaçable est de faire connaître les progrès de la recherche; et leur handicap inévitable réside dans le morcellement monographique que ne peut masquer la distribution en sections à souci thématique. En l'espèce, les sous-titres des articles éclairent judicieusement les propos des auteurs, mais il serait hasardeux de tenter d'en tirer quelques synthèses. Et si résumés en allemand et anglais sont les bienvenus, il est dommage qu'un troisième en français ne s'ouvre pas aux lecteurs des langues latines; parce qu'après tout, l'ordre de Cîteaux est d'essence européenne comme d'ailleurs le souligne le sous-titre du volume. On pourra aussi regretter la typographie minuscule des notes infrapaginales qui requerra l'emploi d'une loupe pour les yeux fatigués. Et que la bibliographique alphabétique d'Heiligenkreuz n'ait pas la même pertinence qu'une présentation mixte chronologico-thématique, seule susceptible de faire état de l'avancement des différents sujets traités. Il n'en reste pas moins que ce beau livre mérite toute sa place dans chaque bibliothèque de monastères et de chercheurs cisterciens; bien davantage encore, sur les rayons des médiathèques publiques et universitaires où il sera amplement consulté. Les spécialistes du monde cistercien et tous les motivés sur l'une ou de l'autre de ses innombrables facettes pourront y nourrir leurs centres d'intérêt.

Benoît Chauvin