Stefan Ikarus Kaiser (Hg.): Die Fragmente des Aristoxenos aus Tarent. Neu herausgegeben und ergänzt, erläutert und übersetzt (= SPUDASMATA. Studien zur Klassischen Philologie und ihren Grenzgebieten; Bd. 128), Hildesheim: Olms 2010, XXXIX + 247 S., ISBN 978-3-487-14298-2, EUR 39,80
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Le Péripatéticien, musicien et auteur de biographies Aristoxène de Tarente (IVe s. av. J.-C.) est connu principalement pour son traité en trois livres intitulé 'Elementa harmonica' (l'édition critique de référence est celle de R. Da Rios, Rome 1954). La production littéraire d'Aristoxène était cependant bien plus riche. La 'Souda' lui attribue la composition de 453 œuvres, dont on ne conserve que très peu de fragments et de témoignages. Les sources anciennes transmettent les titres et les fragments d'une trentaine d'ouvrages d'Aristoxène: livres de philosophie (avec un fort intérêt pour Pythagore et le pythagorisme), de théorie musicale, ainsi que quelques biographies ('Vie d'Archytas', 'Vie de Socrate' et 'Vie de Platon'). Il reste incertain que tous les titres connus constituaient, à l'origine, des œuvres indépendantes.
Les fragments d'Aristoxène ont été recueillis pour la première fois par Karl Müller parmi les 'Fragmenta historicorum Graecorum' (1848). Auparavant, Mahne (1793) avait consacré une étude à cet auteur et à son œuvre, et Luzac (1809) avait reuni les fragments de la 'Vie de Socrate'. La première édition critique moderne des fragments d'Aristoxène est celle de F. Wehrli, dans le deuxième fascicule de sa célèbre collection intitulée "Die Schule des Aristoteles" (Basel/Stuttgart 11945, 21967). Wehrli avait repéré 139 fragments. Un choix plus complet, mais limité aux fragments des traités de théorie musicale (113 fragments) avait été publié par R. Da Rios (1954), en annexe à son édition des 'Elementa harmonica' (94-113).
Kaiser se propose de remplacer les recueils de Wehrli et de Da Rios. Les fragments y sont publiés à partir d'éditions (souvent) plus modernes; plusieurs nouveaux textes ont été repérés et ajoutés, d'autres ont été exclus, avec de bons arguments; les fragments y sont disposés selon une organisation différente du matériel et accompagnés d'une traduction (partielle) allemande, la première qui ait été faite dans une langue moderne. L'édition de Wehrli reste néanmoins toujours utile, en particulier, pour les pages du commentaire.
Le volume de Kaiser est introduit par des pages (V-XXXIX) qui se déclinent en cinq chapitres: 1 Die Rezeption des Aristoxenos in seinen Fragmenten (VII-VIII); 2 Zeugnisse zu Leben und Werk des Aristoxenos aus Tarent (IX-XII); 3 Aristoxenos als Philosoph und Historiker im Spiegel der Literaturgeschichte (XIII-XVIII); 4 Aristoxenos als Musikschriftsteller im Spiegel der Literaturgeschichte (XIX-XXXVII), et 5 Zur vorliegenden Ausgabe (XXXVIII-XXXIX).
Je voudrais m'arrêter en particulier sur la cinquième section de l'introduction qui contient une présentation de l'édition. Je rappelerai quelques critères que Kaiser a suivi en préparant son recueil afin d'aider le lecteur à se repérer dans la succession des fragments d'Aristoxenos. "Die vorliegende Ausgabe bietet eine Sammlung aller bisher bekannten sowie der vom Verfasser neu aufgefundenen Fragmente und Testimonien des Aristoxenos aus Tarent [...] Alle Textstellen, die jene Ausgaben ergänzen, also die Neufunde, sind durch einen den Fragmentsignaturen vorangestellten Asteriscus gekennzeichnet". "Die Ordnung der Fragmente folgt dem chronologischen und systematischen Prinzip. Die daraus folgende Kennzeichnung eines Fragments beginnt mit einer römischen Ziffer, die ein bestimmtes Jahrhundert bezichnet: diesem ist das Entstehen derjeningen Schrift zugeordnet, in der das Fragment zu finden ist [...] Der römischen Zahl folgt eine arabische von 1-4, die bereits eine erste inhaltische Zuweisung der Fragmente ausdrücken soll: 1 steht für 'philosophica', 2 für 'historica', worunter auch die von A. verfassten Biographien fallen, 3 für 'ad Aristoxenum musicum vel ad rem musicam pertinentia', also für alle Textzeugnisse, die A. als Musikschriftsteller oder auch die 'Aristoxener' betreffen und 4 für 'miscellanea et incerta', also für alle übrigen Fragmente. Schließlich folgt eine weitere Ordnungzahl, mittels derer die Fragmente in Fünferschritten gezählt werden, um das spätere Einordnen weiterer noch nicht bekanter Fragmente zu ermöglichen". "Die Signaturen der zweifelhaften Stücke, der Dubia, sind durch runde Klammern ( ) gekennzeichnet, ferner diejeningen der unechten, also der Falsa, durch geschwungene Klammern { }. Ist die zeitliche Einordnung einer Schrift unsicher, ist nur die römische Zahl des Jahrhunderts zwischen Klammern gesetzt". I frammenti 'incertae sedis vel aetatis' sono indicati con la sigla 'INC'. (XXXVIII). "Im Schriftsatz weisen Kursivstellung bei den griechischen Fragmente sowie Sperrsatz bei den latinischen Fragmenten auf die textiche Identität in den Parallelstellen hin" (XXXIX).
Ce système rend l'utilisation du recueil assez difficile et complique la tache au moment où l'on veut citer les fragments avec la numérotation de l'édition de K. dans un apparat des témoins d'une édition critique ou plus simplement dans les notes d'un livre ou d'un article.
L'édition des fragments et des témoignages (souvent munie d'un apparat critique), accompagnée de la traduction allemande des textes en grec et en arabe (mais non de ceux en latin), suit: "Nova omnium fragmentorum testimoniorumque editio secundum fontes chronologice ordinatorum quae ad Aristoxenum Tarentinum vel ad eius doctrinam pertinent et Graecorum fragmentorum translatio Germanica" (1-224). Kaiser a recueilli 436 fragments à partir du témoignage d'auteurs grecs, arabes et latins qui vont du Ier s. av. J-C. au XVe s. de notre ère.
Les éditions utilisées ne sont pas toujours les plus récentes ni les plus fiables (p. ex.: Ia 1 45, Ia 3 10 et I 1 05); l'ordre chronologique pose parfois des problèmes (p. ex.: II 3 25-55. J'aurais placé les passages du 'De musica' du pseudo-Plutarque parmi les fragments 'incertae aetatis'); certaines éditions des sources ne sont pas bien indiquées (p. ex.: III 2 05-25, où il faut écrire 'Westermann' et non 'Cobet/Westermann' et 'De Places', non 'Places'). L'utilisation des signes critiques dans les textes et dans les apparats laisse perplexe. L'utilisation que Kaiser fait, par exemple, des signes { } et < > dans les textes grecs et latins est souvent fausse (p.ex.: III 1 20, 1-2; III 2 25; XII 4 30; INC 2 15). En III 2 6 enfin, il faut lire '(sc. Xenokrates et non Xenophôn)'; en *(XI) 3 10-20, 'pseudo-Eudokia [...] Iôniá' et non 'Eudokia [...] Iônía'.
Il n'y a pas de bibliographie, mais seulement un "Conspectus fontium, codicum et editionum" (225-247), qui contient cependant pour chaque entrée quelques renseignements bibliographiques (éditions, études etc.). Il n'y pas non plus de concordance avec les éditions précédentes (K.-Wehrli, K.-Da Rios).
Le lecteur ne peut que regretter ces défauts qui entravent la consultation du volume.
Malgré ces remarques, l'édition de Kaiser constitue un pas en avant considérable dans les études sur Aristoxenos et dépasse sur plusieurs points les recueil de Wehrli et Da Rios, en particulier en ce qui concerne les fragments des traités de théorie musicale. Kaiser, qui avait déjà traduit en allemand les 'Elementa harmonica' d'A. (2000), nous donne dans ce domaine le meilleur de lui-même.
Tiziano Dorandi